Dauphine proto : une histoire dans l'histoire

Flashback...

Autopop 1972Tout le monde connaît le palmarès sportif de la Dauphine, depuis les premiers modèles jusqu’aux 1093 en passant par les versions Gordini. Cette voiture a remporté un nombre incalculable de victoires poursuivant ainsi la vocation sportive de la Régie Renault au travers d’une auto populaire et sympathique comme l’avait fait avant elle la très confidentielle 4CV 1063.

Lorsque en décembre 1967 elle disparaît du catalogue, la Dauphine a encore de beaux jours devant elle : paradoxe d’un véhicule qui arrivé en fin de production va continuer à évoluer en marge et au-delà de l’histoire officielle. Les années 60 s’achèvent, la nouvelle décennie pointe le bout de son nez et les Dauphine sont nombreuses sur le marché de l’occasion. Certains propriétaires les revendent pour acquérir les nouveaux modèles de la marque, R8 ou R10.

Quelques chiffres pour se remettre dans le contexte : facturée neuve à 6700 Frs (approximativement 1000 euros) pour un millésime 1967 alors que le SMIC est de 560 Frs (82 euros) pour un Ouvrier Spécialisé, l’'achat d’une Dauphine neuve représente un an de salaire. La somme semble importante pour l’époque mais assez rapidement après la fin de production les prix chutent sur le marché de l’occasion. Ils s’effondrent même, lorsqu’il s’agit d’un exemplaire accidenté ou avec un moteur cassé. De nombreux amateurs de sport auto s’en saisissent alors pour courir et se faire plaisir, le plus souvent avec des moyens limités.

En outre, depuis 1965 la désormais légendaire R8 Gordini s’est imposée dans toutes les grandes épreuves. La berlinette A 110 dotée du même moteur lui succèdera après 1969 et l’idée d’implanter cette belle mécanique dans la Dauphine est tentante. Beaucoup de constructeurs amateurs s’y emploient et de multiples réalisations voient le jour, certaines dûment homologuées par le Service des Mines de l’époque.

La Dauphine entre alors dans une nouvelle carrière entre les mains de passionnés de mécanique qui élaborent ce qu’Amédée Gordini et les ingénieurs de Boulogne-Billancourt auraient pu concevoir un jour d’exaltation. Les années 70 commencent à peine et la Dauphine est devenue l’auto préférée des bricoleurs et amateurs parfois géniaux, aux antipodes de la petite berline présentée il y a déjà plus de dix ans.

Désormais les Dauphine proto font rage, écument les courses de côte, rondes slaloms et rallyes. Elles surclassent à de nombreuses reprises des voitures plus récentes, plus puissantes et d’un prix de revient infiniment supérieur. Lors des épreuves, à chaque passage de l’une d’entre elles c’est l’enthousiasme chez les spectateurs qui apprécient de voir ce qu’une Dauphine proto proprement construite et finement pilotée est capable de faire.

« Correctement montées, les Dauph proto mettaient la plumée aux R8 G et même aux berlinettes Alpine. » (R. H. souvenirs d’époque, 1979)